La question est posée par une internaute sur un site de pétition. Cette dernière ayant obtenu près de 100 000 signatures, vos pharmaciens se doivent de vous donner une explication éclairée. 

Le paracétamol, actif du Doliprane, n’est pas incriminé ici. C’est un colorant, le E122 ou l’azorubine, qui est à l’honneur. L’auteure de cette pétition, Nathalie Bernard, rappelle justement que le produit est classé catégorie 3 par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer), mais elle fait erreur en disant qu’il est vraisemblablement cancérigène. La catégorie 3 correspond aux produits « inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'homme ».

Mais il n’y a pas de fumée sans feu. The Lancet publiait une étude en 2008 réalisée sur 300 enfants montrant que les consommateurs de colorants alimentaires ou de sodium benzoate avaient un accroissement de l’hyperactivité. Depuis, l’Europe impose un étiquetage sur les produits comme suit : « E122 : peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ». D’autres effets sont également mentionnés comme l’asthme, les allergies et les urticaires. Même s’ils sont bien moins fréquents, ils ont déjà entraîné ces complications et par conséquent, il ne faut pas écarter le risque.

Devant cet adjuvant dont certains suspectent une activité douteuse, il convient de se remettre dans le contexte. L’E122 est présent dans de nombreux aliments comme « les biscuits et la pâtisserie, les desserts instantanés, les entremets, les flans, la confiserie, les yaourts et dans les spiritueux, en cosmétique (savons liquides, gels douches, rouges à lèvres et shampooings) », comme le souligne la pétition. Doliprane sirop en contient 0,033 mg/kg/j aux doses maximum, lorsque la dose maximum recommandée par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) grâce à des données industrielles est de 4 mg/kg/j, soit une dose 120 fois inférieure ! Et nos enfants ne prennent que des traitements courts de Doliprane pour soulager une douleur ou une fièvre ponctuelle…

Notons que la viande rouge a été classée par le CIRC comme probablement cancérigène et la viande transformée comme cancérigène pour l’homme. Il faut croire que pour ces organismes, tout est à risque ! La modération de la consommation de viande rouge est alors recommandée. Celle des médicaments est obligatoire, ce qui écarte tout risque supplémentaire.

En résumé, devant le risque potentiel du E122 et devant les doses ingérées lors d’un traitement par Doliprane sirop, il n’y a pas à s’en faire pour soigner nos enfants !