Ces dernières semaines ont été très angoissante pour les patients sous Levothyrox. Les médias ont relayé des informations sur ce médicament en suspectant des effets indésirables et une pétition pour demander le retour à l’ancienne formule. Il est certain que pour certains, le discours rassurant des pharmaciens, médecins et spécialistes n’a pas suffi à calmer leurs craintes. Faisons un tour des possibilités offertes aux 3 millions de patients sous ce médicament.
Ecarter le mauvais dosage
Le Levothyrox est un médicament dit « à marge thérapeutique étroite », c’est-à-dire que la faible variation de levothyroxine dans le corps peut entrainer soit une inefficacité du traitement soit des effets secondaires. Ce médicament dont les dosages varient de 25 à 200 µg soit 0.000025g à 0.0002g donne directement une molécule active sur la thyroïde. Cette glande a une action dans tout le corps et régule notamment la température corporelle, la dégradation du tissu adipeux (le gras), l’humeur, le sommeil, … Chez les personnes souffrant de problèmes de thyroide (souvent des hypothyroidies), on rajoute une dose de cette hormone. Une dose trop basse ne va pas soigner totalement la maladie et laissera des effets non pas secondaires, mais par manque d’efficacité : grande fatigue, prise de poids, frilosité, constipation, diminution du rythme cardiaque… A l’inverse, un médicament au dosage trop fort va entrainer une activité de la thyroide trop forte, à savoir : perte de poids, bouffées de chaleur, diarrhées, troubles cardiaques, irritabilité, agitation, trouble du sommeil, … Bref, un mauvais dosage entraine la non-atteinte de l’objectif thérapeutique. En cas d’effets nouveaux qui serait apparus à la suite du changement de formule de Levothyrox, je vous conseille vivement de refaire un dosage en laboratoire et de voir une éventuelle réévaluation auprès de votre médecin.
D’autres médicaments à bannir
L’alternative en France est une solution buvable sensible à la chaleur, fabriquée par les laboratoires SERB. Il ne faut pas prendre ce médicament réservé à certains patients : les enfants de moins de 8 ans et les personnes ayant des troubles de la déglutition, pour lesquels aucune alternative n'existe. Ce médicament est fabriqué en petite quantité et déjà des troubles d’approvisionnement se font sentir, privant quelques enfants de solution thérapeutique. L’autre solution consiste à acheter ces médicaments à l’étranger : Espagne, Italie ou Belgique sont encore à l’ancienne formule. Mais cela ne va durer qu’un temps. Tous les pays européens vont basculer sur la nouvelle formule ! Une ordonnance médicale est toujours nécessaire quel que soit le pays. Attention sur internet, les sites proposant des médicaments sont trop souvent des faux médicaments (présence de toxique, d’autres molécules, mauvais dosages, ….). Les sites des pharmacies françaises, autorisées, ne peuvent pas vendre ces médicaments.
Des alternatives nouvelles
Il existait un autre laboratoire fabriquant de la levothyroxine et commercialisé sous la marque générique BIOGARAN. Ces usines ne les fabriquent malheureusement plus faute de rentabilité (la boite étant vendu de 1 à 3€) et par le mauvais accueil fait à ce générique. Comme quoi le développement des génériques permet une « sécurité » supplémentaire en cas de désaccord avec le médicament de marque. La piste la plus sérieuse remontée aujourd’hui est la mise en concurrence du Levothyrox. Des candidats devront monter les dossiers nécessaires à l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) : ce n’est pas pour demain !
En conclusion, la nouvelle formule du Levothyrox restera tant elle est plus fiable que l’ancienne. Devant la montée médiatique et la peur des populations, les fausses bonnes idées de se procurer se médicaments ailleurs ou prendre son alternative en gouttes sont des solutions à bannir. Mais comme la mise à disposition d’une nouvelle spécialité ne se fera pas de suite, un dosage de TSH en laboratoire et encadrée par un médecin compétent permettra de stopper ou limiter les effets indésirables liées à la prise de ce médicament