En France, l’antibiorésistance causerait plus de 12 500 morts par an. La résistance des bactéries aux traitements antibiotiques inquiète et implique une rationalisation de leur utilisation. D’où vient le phénomène et comment lutter contre ?

 

La révolution des antibiotiques

Découverts le 3 septembre 1928 par Sir Alexander Fleming, les antibiotiques ont révolutionné le monde de la médecine. Qu’est-ce qu’un antibiotique ? C’est une substance produite par un micro-organisme (champignon, bactérie …) qui a le pouvoir d’inhiber la croissance d’autres micro-organismes ou même de les détruire. Flemming en fait la découverte par hasard en étudiant les staphylocoques. Ses boites de Petri ayant été contaminées par un champignon, les bactéries ne s’y sont pas développées : la pénicilline a inhibé leur développement !

Depuis, les antibiotiques ont révélé leur capacité à traiter les maladies autrefois considérées comme mortelles d’origine infectieuses (la peste, la tuberculose, la lèpre, le typhus … )

 

Sélection naturelle et utilisation massive ont mené à l’antibiorésistance

Vus comme un remède miracle, les antibiotiques ont été utilisés massivement (notamment sur les animaux d’élevages) et à tort et à travers (traitements trop longs, mauvais dosages ...) Or, (c’est le revers de la médaille) l’utilisation à grande échelle a accéléré le phénomène d’antibiorésistance, c’est à dire la résistance acquise par des bactéries auparavant sensibles au traitement par antibiotiques. Il s’agit :

  • Soit de mutations ponctuelles au niveau du chromosome de la bactérie qui la rendent résistante à un antibiotique ou une famille d’antibiotiques,
  • Soit de l’acquisition de gènes par transfert horizontal qui peut concerner plusieurs antibiotiques ou famille d’antibiotiques : on parle de multirésistance.

La multirésistance est préoccupante et place les médecins dans des cas d’impasses thérapeutique. Le SARM*, « Staphylocoque doré » résistant à la méticilline est particulièrement redouté dans les établissements de santé. La bactérie E. Coli (responsable d’infections urinaires) à quant à elle développé une résistance à l’amoxicilline, puis aux céphalosporines de 2ème, puis de 3ème génération. Des antibiotiques « de réserve », les carbapénèmes sont utilisés si la résistance se poursuit. Mais on utilise ces derniers massivement, l’apparition de souches résistantes conduira à une voie sans issue.

Dans quelques années, cette infection qui se soigne bien pourrait donc devenir mortellement dangereuse ! A l’échelle mondiale, la résistance bactérienne serait responsable de 700 000 morts par an. Maitriser ce phénomène est donc un enjeu important.

 

La lutte contre l'antibiorésistance

Pour lutter contre l’antibiorésistance, il est nécessaire de prendre des mesures :

  • Réduction de la consommation d’antibiotiques. Grâce aux plans de rationalisation, la consommation française a chuté de 16% entre 2000 et 2009. Il est primordial que les médecins distinguent les infections virales des infection bactériennes. Dans le cas d’un virus, le traitement antibiotiques est inutile.
  • De nouveaux antibiotiques doivent être développés contre les micro-organismes multirésistants. Un programme de recherche disposant de 223 millions d’euros a été lancé en mai 2012.
  • D’autres solutions sont encore en phase de recherche : inhiber l’action des enzymes bêta-lactamases qui permettent aux bactéries de résister aux antibiotiques. Ou au lieu de tuer la bactérie, bloquer les systèmes pathogènes pour l’homme avec des antitoxines.
  • Individuellement, la meilleure solution est de vivre sainement : faire du sport, avoir une alimentation saine, dormir assez, éviter les excès et surveiller les carences … Tout cela pour renforcer la résistance aux infections. Et si on est infecté, maintenir une bonne hygiène (lavage des mains) pour éviter la diffusion des bactéries résistantes !

 

*Staphylococcus Aureus Résistant à la Méticilline