Le médicament décontractant est de nouveau au cœur d’un débat scientifique. Une nouvelle étude publiée au mois de décembre 2016, le baclofene sans suivi psychologique serait peu efficace au regard des fortes doses utilisés pour lutter contre l’alcoolisme. Prenons du recul.
Un médicament décontractant
Le baclofene ou Lioresal® est un médicament qui existe depuis le milieu des années 1970. Il a pour indication la réduction des contractions musculaires involontaires et relaxation de la tension excessive des muscles qui apparaissent au cours de maladies neurologiques comme certaines maladies de la moelle épinière (sclérose en plaque) ou des contractures d’origine cérébrale. Il agit sur des récepteurs (GABA) permettant la relaxation des muscles et l’inhibition de certains réflexes. La posologie la plus fréquente dans cette indication est de 40 mg par jour.
Un nouvel usage du baclofene
Un médecin se penche sur ce médicament au début des années 2000 et pense qu’il peut agir sur le besoin irrépressible de consommer de l’alcool. Lui-même alcoolique, il teste ce médicament et parviens à se sevrer. Il publie alors en 2008 un livre (Olivier Ameisen, Le dernier verre) portant les effets bénéfiques du baclofene. Les organismes français ont longtemps attendu pour statuer sur l’autorisation de mise sur le marché dans cette indication, en raison des fortes doses de baclofene consommées(jusqu’à 300mg !). Une autorisation temporaire d’utilisation (RTU) est en place depuis 2014 en France et l’ANSM devra statuer sur les résultats de ces essais en 2017.
Efficacité du baclofene
L’ANSM donne un premier retour globalement positif concernant les essais autour du baclofene. Il a permis une diminution de la consommation d’alcool dans plus de 70% des cas. L’apparition d’effets indésirables de nature neurologique (par exemple des convulsions) ou psychologique (troubles anxieux voire dépression) sont également en baisse.
Le cadre de ces RTU est cependant hospitalier et les patients y sont très surveillés. L’étude publiée qui a remis ce médicament à la une des médias montre que le suivi psychologique avec ou sans baclofene amène au même résultat. La consommation de baclofène, en plus aux doses élevées est donc à bien peser.
Le médicament n’est jamais à lui seul une solution miracle pour guérir tel ou tel mal. C’est l’encadrement qui est le plus important pour que le bénéfice ressenti soit toujours largement supérieur aux risques. Cet évaluation, faite avec votre médecin et votre pharmacien, se fait après une discussion et la connaissance approfondie de votre dossier médical. En attendant l’avis de l’ANSM, n’arrêtez jamais ce médicament d’un seul coup et surtout avec l’aide de l’équipe médical qui vous suit.