Le scandale du Lévothyrox n’est pas là où nous l’attendions. Le changement de la spécialité a causé des problèmes mais le médicament en lui-même est de très bonne qualité et des solutions alternatives se profilent. C’est surtout la gestion de la crise par un ministre pressé par des médias très présent, une communication professionnelle faible et des professionnels de santé vite débordés qui ont créé la gêne.

Un changement de formule en question

Rappelons que c’est l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) qui a demandé au laboratoire Merck de revoir sa formule. L’ancienne était peu stable et la quantité de principe actif diminuait rapidement. Une variabilité de composition au sein du même lot avait été observée. Pas question de garder de vieilles techniques de fabrication peu qualitatives alors qu’il s’agit d’un médicament à « marge thérapeutique étroite » et très finement dosé (de l’ordre du microgramme, soit 0.000001g). Depuis le mois de mars de cette année, les nouvelles formules ont été mise sur la marché avec un simple courrier aux professionnels de santé.

Un changement difficile

La thyroïde est une glande très sensible et elle n’a visiblement pas apprécié un médicament plus stable. Même si les études de biodisponibilité (la concentration de principe actif dans le sang donc l’efficacité) ont montré une équivalence valable, certaines personnes ont ressenti les effets d’une hyperactivité ou hypoactivité de celle-ci. A cela, rajoutons l’effet média dans lesquels des acteurs télévisuels connus ont été plus valorisé que n’importe quel endocrinologue ou pharmacologue. Effets nocébo, suspicion à tort d’effet indésirables et peur en sont bien les conséquences.

Professionnels en difficulté

Vous n’imaginez pas le surplus de travail engendré par ce changement. Il y a le changement de boite qui annonçait le changement de formule qui a demandé aux pharmaciens de fournir des explications, certes succinctes lors de la délivrance. Depuis août, la presse s’empare du dossier et commence à relayer certaines informations. C’est en septembre que la poudre s’enflamme : les interrogations, les peurs et les refus de traitement s’enchainent au comptoir. Malgré nos propos rassurant, nous manquons d’informations sur ce que fait le ministère. Et c’est par voie de presse que la ministre annonce l’arrivée d’un lot de l’ancienne formule, achetée en Allemagne ! Pas préparé à répondre aux patients sur la disponibilité des alternatives, médecins et pharmaciens se retrouvent en difficultés et les informations fiables tombent au compte-goutte. A l’arrivée de cette formule, le lundi 2 octobre, les pharmacies ont été prises d’assaut et les médecins ont eu des journées remplies de consultations et d’appel « Levothyrox ». Il en est de même ce lundi 16 octobre avec la nouvelle spécialité distribuée par Sanofi, L-Thyroxine Henning.

Alternatives viables au Lévothyrox

Si vous souffrez d’effets thyroïdiens liés à la nouvelle formule, ne vous ruez pas sur la spécialité Euthyrox, importé d’Allemagne. Le stock est trop petit et ne sera pas renouvelé. La première et la meilleure à mon sens est de se régler sur la formule de Levothyrox existante. Quoi qu’il arrive, il faudra du temps pour re-régler votre thyroide avec un dosage qui vous convient. Le dosage de votre TSH et le suivi de votre médecin généraliste ou endocrinologue est indispensable. Mais si vous ne voulez plus du laboratoire Merck, ce 16 octobre, Sanofi mettra une alternative, nommé L-Thyroxine Henning. Cette dernière est également importée d’Allemagne, mais obtiendra bientôt une AMM pour la France afin de distribuer cette spécialité sur le long terme. Biogaran annonce également deux formules à partir de 2018.

L’affaire Levothyrox prend une tournure favorable aujourd’hui avec plusieurs spécialités pérennes sur le marché français pour les problèmes de thyroïde. Il sera nécessaire de prendre le temps d’adapter les dosages quel que soit la spécialité et il faut rester conscient qu’un dérèglement peut survenir à n’importe quel moment !